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ChroniqueMacDougall, l’entraîneur qui ne perd jamais

Un entraîneur de hockey regarde l'action qui se déroule sur la patinoire.

Gardiner MacDougall

Photo : James West/pour UNB Athletics

Le Championnat mondial des moins de 18 ans commence jeudi en Finlande. Et pour diriger l’équipe nationale, les dirigeants de Hockey Canada ont délaissé leur bassin de recrutement habituel cette année. Au lieu de confier la formation à un entraîneur issu des rangs juniors, la fédération s’est tournée vers une légende du hockey universitaire, Gardiner MacDougall. Un homme dont la dernière défaite remonte à… très longtemps.

Le Prince-Édouardien vient de passer sa 24e saison derrière le banc des Reds de l’Université du Nouveau-Brunswick (UNB). Et son équipe a littéralement défié l’imagination avec une fiche parfaite de 43 victoires. Vous avez bien lu : 43-0.

Avant de partir pour Toronto, où se tenait le récent Championnat canadien, les Reds de l'UNB ont remporté leur dernier match éliminatoire par blanchissage dans la région de l’Atlantique. Une fois arrivés dans la Ville Reine, les champions canadiens ont tout bonnement réussi trois autres blanchissages successifs pour défendre leur titre national.

Les Reds forment l’équipe à battre chaque année. Leur programme a une belle structure. En termes de standards d’excellence, UNB élève la barre très haut au sein de notre ligue. Ils forcent tout le monde à se rajuster , dit l’entraîneur en chef des Patriotes de l’UQTR, Marc-Étienne Hubert.

Au dernier Championnat canadien, les Patriotes et leur jeune formation se sont inclinés 4-0 en finale devant les Reds. Les deux équipes avaient cependant obtenu le même nombre de chances de marquer durant cette rencontre chaudement disputée.


Au cours de ses 24 saisons à la barre des Red de l'UNB, Gardiner MacDougall a gagné le Championnat national en neuf occasions, ce qui est phénoménal.

Dans les milieux universitaires, toutefois, on chuchote depuis des années que les Reds disposent de moyens financiers largement supérieurs à leurs adversaires. Et c’est peut-être vrai.

L'homme se trouve derrière le banc de son équipe.

Gardiner MacDougall (derrière le banc, à gauche)

Photo : Radio-Canada / François Le Blanc

En juin 2022, l’attaquant québécois Matthew Boucher (qui terminait son stage junior avec les Remparts) avait raconté au Journal de Québec que Gardiner MacDougall l’avait recruté en 2018 en venant le chercher à Québec à bord d’un jet privé (!) et qu’il l’avait amené à Fredericton pour qu’il puisse souper en compagnie d’une dizaine de vétérans des Reds. On dirait presque un récit issu du football ou du basketball collégial américain.

Cela dit, il serait fort mal venu de se plaindre du fait qu’une université canadienne prenne son programme de hockey au sérieux. Par ailleurs, les moyens financiers n’expliquent pas tout. Après tout, il faut être capable de répondre aux attentes quand la rondelle tombe sur la patinoire.

En 2022, une situation inusitée survenue à l’extérieur de l’organisation a d’ailleurs permis à MacDougall d’ajouter une autre dimension à son aura de gagnant.

Ce printemps-là, les Sea Dogs de Saint-Jean agissaient à titre d’équipe hôtesse du tournoi de la Coupe Memorial. Mais à la surprise générale, les Sea Dogs ont perdu au premier tour éliminatoire de la LHJMQ. Inquiet de la tournure des événements, le directeur général Trevor Georgie a congédié son instructeur Gordie Dwyer pour ensuite lancer un SOS à Gardiner MacDougall.

La légende des Maritimes a alors eu un peu plus d’un mois pour se familiariser avec une équipe qu’il ne connaissait pas et pour la préparer à se frotter aux formations championnes des trois ligues du junior majeur canadien.

Comment les joueurs des Sea Dogs ont-ils réagi? Ils ont remporté la Coupe Memorial. Évidemment.

Des joueurs agenouillés écoutent ses directives.

Gardiner MacDougall lors d'un entraînement avec les Sea Dogs.

Photo : Gracieuseté : Sea Dogs de Saint-Jean


Pour toutes ces raisons, un nombre anormalement élevé d’observateurs s’intéresseront à ce qui se passera dans les villes finlandaises d’Espoo et de Vantaa au cours des deux prochaines semaines. Histoire de voir si la magie de Gardiner MacDougall opérera de nouveau.

En annonçant cette nomination, le vice-président responsable des programmes de haute performance à Hockey Canada, Scott Salmond, a souligné que les neuf championnats universitaires et la conquête de la Coupe Memorial du légendaire entraîneur témoignent de sa capacité à remporter des compétitions de courte durée.

Dans les faits, MacDougall se retrouve devant un défi particulier.

Il ne connaissait aucun de ses joueurs avant de prendre l’avion avec eux la semaine dernière. Et l’équipe canadienne M18 ne disposait que de quatre séances d’entraînement et de quelques matchs préparatoires pour trouver une cohésion.

Qui plus est, le Canada ne délègue à ce tournoi que les meilleurs joueurs des équipes du junior majeur qui sont exclues des séries ou éliminées. Cela explique probablement pourquoi le Canada n’a remporté qu’une médaille d’or et trois médailles de bronze à ce tournoi au cours des 10 dernières années.


Au bout du fil, Gardiner MacDougall semblait pourtant enthousiaste comme un débutant quand je lui ai parlé la semaine dernière.

C’est un bon défi et c’est avant tout un grand honneur d’être choisi pour diriger ce groupe! J’ai beaucoup lu sur mes joueurs et il y en a de très bons qui font partie de notre formation. Nous allons toutefois devoir travailler rapidement et tenter de tisser des liens le plus vite possible sur glace et hors glace si nous voulons devenir une équipe, explique-t-il.

Dans ces circonstances semblables, notre but consistera à être reconnus comme l’équipe la plus améliorée à la fin du tournoi. Si nous commençons avec notre premier entraînement en Finlande et que nous nous améliorons ensuite chaque fois que nous retournons sur la patinoire, le reste surviendra tout seul, ajoute-t-il, comme si cela allait de soi.

L'entraîneur pose avec sa famille et deux joueurs, debout sur un tapis déroulé sur la patinoire. Il exhibe un chandail de hockey avec son nom et le numéro 489.

L'entraîneur-chef de l'équipe de l'Université du Nouveau-Brunswick, Gardiner MacDougall, est honoré le 10 février 2024 à Fredericton pour sa 489e victoire, plus que tout autre entraîneur de hockey masculin dans l'histoire du sport universitaire canadien.

Photo : James West / UNB Athletics

En Finlande, MacDougall sera flanqué de Travis Perkert, qui était son adjoint à Saint-Jean lors de la conquête de la Coupe Memorial de 2022. L’entraîneur québécois Bruce Richardson sera aussi à ses côtés.

Le fait de travailler avec un nouveau groupe de joueurs ne m’est pas totalement inconnu. J’ai quelques fois eu la chance de diriger l’équipe d’étoiles universitaires qui affronte Équipe Canada junior au début décembre afin de l’aider à se préparer en vue du Championnat mondial. Et c’était la même chose en janvier 2023 quand je dirigeais l’équipe canadienne aux Jeux universitaires à Lake Placid. Nous avions un peu plus de temps pour nous préparer, mais c’était similaire à ce que nous allons vivre en Finlande, indique MacDougall.

En passant, l’équipe universitaire canadienne a remporté l’or à Lake Placid en 2023.


Extrêmement sympathique et de nature optimiste, Gardiner MacDougall éclate de rire quand on lui demande, à la blague, pourquoi il n’a pas décidé de prendre congé jusqu’à l’automne prochain pour savourer sa saison parfaite.

Cette saison sans défaite, un exploit quasi inimaginable à un niveau de hockey aussi élevé, meublera par ailleurs l’essentiel de notre conversation.

En 2009-2010, nous avons remporté nos 26 premiers matchs de la saison et je me suis mis à lire des livres racontant la carrière de John Wooden, qui est probablement le meilleur entraîneur de tous les temps, tous sports confondus, confie-t-il.

Aux commandes de l’équipe de basketball des Bruins de UCLA, John Wooden a vu son équipe connaître quatre saisons sans défaite entre 1964 et 1973. Les Bruins ont notamment remporté 38 victoires de suite au tournoi printanier de la NCAA et ont collé 88 victoires consécutives en 1973 et 1974. Maniaque des détails, Wooden allait jusqu’à enseigner à ses joueurs comment lacer correctement leurs espadrilles pour éviter de souffrir d’ampoules aux pieds.

Après avoir lu tous ces livres, je me suis dit : ''OK, je peux maintenant connaître une saison parfaite!'' Mais par la suite, je me suis dit que ce n’était peut-être pas un objectif réaliste d’essayer de devenir John Wooden, raconte-t-il en riant.

Enseigne-t-il à ses joueurs comment attacher leurs patins? Il s'esclaffe à nouveau.

Ce que Wooden faisait avec les lacets, je le fais avec les passes! Je consacre beaucoup de temps sur cet aspect du jeu et sur la position que doit avoir votre bâton quand vous effectuez une passe. Nous insistons pas mal là-dessus, dit-il.

Puis le ton redevient plus sérieux.

Je dirigeais un groupe fantastique, mentionne-t-il. À l'UNB, notre devise est de trouver des façons de devenir meilleurs chaque fois que nous nous présentons à l’aréna. Et ce groupe répondait parfaitement à la description.

Des fois, il faut avoir un peu de chance pour gagner des matchs serrés au fil d’une saison. Par contre, plus vous vous préparez fort et bien, plus vous obtenez cette chance. Il y avait beaucoup d’esprit d’équipe et d’amour parmi notre groupe de joueurs. Ils avaient vraiment du plaisir à se rendre à l’aréna et à se pousser les uns les autres pour s’améliorer. Et c’est le résultat que nous avons obtenu, conclut-il.

Peu importe ce qui surviendra en Finlande, il serait étonnant que Gardiner MacDougall ne soit pas l’entraîneur de l’année au Canada.

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