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Crise dans l’industrie forestière : « Ça commence à ressembler à un tremblement de terre »

Du bois dans un cours d'usine.

L’industrie forestière est mise à mal depuis plusieurs semaines. (Photo archives)

Photo : Radio-Canada / Frédéric Pepin

L’industrie forestière est mise à mal depuis plusieurs semaines. Des centaines de personnes ont été mises à pied dans différentes usines de la province.

Les 275 pertes d’emplois annoncées cette semaine lors de l’annonce de la fermeture pour une durée indéterminée de l’usine de fabrication de cellulose de Rayonier à Témiscaming s'ajoutent à une lourde tendance dans le milieu forestier.

L’entreprise Produits forestiers Résolu annonçait le 26 mars dernier à ses 50 employés qu’elle suspendait les opérations de sa scierie Comtois, à Lebel-sur-Quévillon, pour une période indéterminée.

Le 5 mai prochain, les 130 travailleurs de la scierie de Maniwaki appartenant à la même entreprise perdront aussi leur emploi pour une durée d’un mois alors que les activités de l’usine sont interrompues.

La scierie Béarn au Témiscamingue, propriété de Chantiers Chibougamau, a fermé ses portes le 25 avril dernier pour une durée indéterminée. 120 travailleurs ont été mis à pied. Puis lundi dernier, Rayonier Advanced Materials annonce à ses employés la mise à pied temporaire de 275 personnes à son usine de Témiscaming à partir du 2 juillet.

Frédéric Verreault dans l'usine de sciage des Chantiers Chibougamau.

Le directeur exécutif des Chantiers Chibougamau, Frédéric Verreault. (Photo archives)

Photo : Radio-Canada / Catherine Paradis

En à peine plus d’un mois, c’est donc près de 600 travailleurs qui ont été touchés par cette vague de mises à pied.

Il se dégage aujourd’hui une très malheureuse impression de la crise parfaite qui avait prévalu dans la période 2007-2010 ou il y avait un effondrement de la construction, un effondrement des prix qui était sur du long terme, une réduction de bois disponible au début de la chaîne de transformation, nous dit Frédéric Verreault, directeur exécutif au développement corporatif chez Chantiers Chibougamau.

Il estime que tous ces facteurs font en sorte que les entreprises forestières doivent prendre un pas de recul.

C’est plus qu’une petite secousse, ça commence à ressembler à un tremblement de terre.

Une citation de Frédéric Verreault, directeur exécutif au développement corporatif chez Chantiers Chibougamau.

La conjoncture dans le domaine forestier est difficile, le marché du bois est extrêmement difficile, les usines opèrent à perte, affirme pour sa part la préfète du Témiscamingue Claire Bolduc, dont les communautés sont directement touchées par les annonces de fermetures.

Les coûts énergétiques sont à la hausse, les taux d'intérêt n'aident pas, il y a tout un contexte de récession qui se fait sentir et qui frappe de plein fouet le milieu forestier, explique Claire Bolduc tout en précisant que les récentes annonces auront des impacts beaucoup plus grands.

Claire Bolduc regarde le journaliste qui lui pose des questions.

Claire Bolduc, préfète de la MRC de Témiscamingue. (Photo archives)

Photo : Radio-Canada / Jessica Gélinas

À partir du moment où les activités en usine sont interrompues, toutes les autres entreprises en amont, l’industrie forestière, le transport du bois, ce sont toutes ces entreprises qui sont fragilisées. On est très conscient de l’interrelation qui existe entre toutes les entreprises sur le territoire, ajoute-t-elle.

Une interrelation évidente existe aussi entre des usines qui ont annoncé des fermetures, c’est le cas pour la scierie Béarn appartenant à Chantiers Chibougamau et l’usine de Témiscaming détenue par Rayonier Advanced Materials.

Lors d’une récolte dans un secteur, l’usine de Témiscaming prend les feuillues alors que la scierie Béarn traite les résineux.

Dans un secteur comme le Témiscamingue, il y a beaucoup d’arbres feuillus et les liens entre la scierie Béarn et les activités de pâtes cellulosiques de Rayonier à Témiscaming sont absolument directs, explique Frédéric Verreault.

Le lien entre les 2 entreprises se poursuit à la suite des opérations alors que les copeaux inutilisés par la scierie de Béarn sont récupérés par l’usine de Témiscaming.

Les lettres RYAM sont posée devant l'usine.

L’entreprise forestière Rayonier Advanced Materials (RYAM) de Témiscaming a annoncé la fermeture complète de la division cellulose pour une durée indéterminée.

Photo : Radio-Canada / Mathieu Ouellette

C’est ce qui explique qu’historiquement aussi ces deux usines étaient dans le giron de Tembec. Aujourd’hui elles ne le sont plus, mais la dépendance entre les 2 demeure au rendez-vous. Il y a clairement un effet domino concret qui repose sur l’interdépendance entre les usines, ajoute Frédéric Verreault, qui veut tout de même demeurer positif. Il est convaincu que son entreprise trouvera des solutions.

Faut d’abord s'occuper des humains, des hommes et des femmes qui sont affectés par cette crise par l’arrêt de leur travail, mais il faut aussi garder la tête froide, se retrousser les manches et se dire voilà la situation, la regarder avec lucidité. Et se dire maintenant : qu’est-ce qu’on fait? Qu’est-ce qu’on trouve comme solutions?, affirme celui qui estime qu’il est trop tôt pour se prononcer sur ces solutions.

En n’ayant pas le diagnostic complet du défi qu’on doit relever, on risque de ne pas mettre en œuvre les bonnes solutions. Chaque jour compte, mais il ne faut pas non plus précipiter les choses, explique-t-il.

Québec interpellé

Le directeur québécois du syndicat Unifor, Daniel Cloutier croit que le gouvernement du Québec a un rôle important à jouer pour l’avenir de l’industrie forestière

L’absence de vision claire du gouvernement ou l’absence d’annonces claires que ce soit sur un régime forestier, que ce soit sur le plan caribou ne favorisent pas les parties, autant les employeurs, les syndicats, les groupes communautaires à avoir des discussions et des projets intelligents, c’est très difficile dans ce contexte-là, affirme-t-il, ajoutant qu’il est urgent de revoir le régime forestier.

Daniel Cloutier pose pour la caméra, une carte géographique en arrière-plan.

Daniel Cloutier, directeur provincial du syndicat Unifor. (Photo archives)

Photo : Radio-Canada / Martin Guindon

Tout le monde s’entend pour dire que le régime forestier ne fonctionne plus et qu’il faut le changer et le faire avec une perspective d’avenir pour une économie durable au niveau de la foresterie et de tout ce qui en découle, mais malheureusement on est confronté en ce moment à cette absence de leadership [du côté du] ministère des Ressources naturelles et des Forêts, ce qui fait que c’est très difficile, ajoute-t-il.

C’est un moment charnière et c’est urgent que notre gouvernement prenne acte de la nécessité d'agir et d'agir rapidement, mentionne pour sa part la préfète du Témiscamingue Claire Bolduc, qui estime qu’il n’est pas trop tard pour agir, mais que le temps presse.

Les usines sont toujours là, le bois est toujours là, les communautés sont mobilisées, attentives. Actuellement, c’est le temps d’agir, il sera trop tard quand ça fera un an et qu’on n’aura rien fait, là on sera très inquiet, on aura compris qu’on nous a laissé tomber, mais là c’est en plein le bon temps d’agir, explique-t-elle.

La ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina, n'était pas disponible pour commenter vendredi, mais compte réagir au début de la semaine prochaine.

En novembre dernier, elle avait annoncé une série de consultations sur l’avenir de la forêt. Les consultations ont été lancées en février dernier.

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