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Rejet d’eaux usées toxiques à Chalk River

Vue d'une partie des installations de recherche des Laboratoires de Chalk River depuis l'eau.

Environnement Canada confirme que ses agents chargés de l'application de la loi ont émis à la fin du mois d'avril une directive de conformité à l'intention des LNC. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Reno Patry

Radio-Canada

Les Laboratoires nucléaires canadiens (LNC) ont déversé des eaux usées toxiques sur le site de Chalk River, le long de la rivière des Outaouais, pendant la période de frai des poissons, au début de l'année, a appris CBC.

Environnement Canada confirme que ses agents chargés de l'application de la loi ont émis à la fin du mois d'avril une directive de conformité à l'intention des LNC, un outil utilisé pour corriger les violations des règlements de la Loi sur les pêches.

La station d'épuration des eaux usées de Chalk River présentait un défaut de létalité aiguë, ce qui signifie que les tests ont révélé que les effluents d'eaux usées, ou rejets d'eaux usées traitées, étaient toxiques pour les poissons.

Un effluent est considéré comme présentant une létalité aiguë lorsque, à une concentration de 100 % ou non dilué, il tue plus de la moitié des truites arc-en-ciel qui y sont soumises pendant une période de 96 heures, selon la réglementation.

Ni les LNC ni Environnement Canada n'ont indiqué quels polluants étaient présents dans les effluents, quelle quantité d'eaux usées toxiques a été déversée ni à quel endroit. Une situation qui suscite des craintes quant à la possibilité que les effluents se soient retrouvés dans la rivière des Outaouais.

Environnement Canada a déclaré qu'il prenait au sérieux les incidents de pollution et les menaces pour l'environnement.

Les LNC ont indiqué quant à eux qu'ils étaient convaincus que le rejet non conforme de l'installation de traitement des eaux usées ne constituait pas une menace pour l'environnement ou le public.

Des inquiétudes

Mais le manque de clarté autour de l'incident suscite des questions et des inquiétudes.

Le chef de la Première Nation de Kebaowek au Québec, Lance Haymond, se dit choqué d'apprendre ces détails.

Je suis bouleversé. Je ne suis vraiment pas content d'apprendre que les activités de Chalk River nuisent de nouveau à la rivière des Outaouais. Le fait que cela se produise pendant l'une des périodes les plus importantes de la saison de pêche, à savoir le frai annuel du printemps, nous préoccupe beaucoup, soutient-il.

Au début de l'année, l'autorité de réglementation nucléaire du pays a approuvé le projet des LNC de construire une décharge de déchets radioactifs sur le site de Chalk River. Cette installation contiendrait environ 400 piscines olympiques de déchets nucléaires de faible activité.

La Première Nation de Kebaowek et des groupes locaux ont lancé des recours en justice contre l'approbation du projet.

M. Haymond considère que les problèmes de la station d'épuration actuelle sont de mauvais augure, car l'entreprise devra gérer des eaux usées contaminées par des radionucléides comme le tritium si la décharge est construite.

Portrait de Lance Haymond.

Le chef de Kebaowek, Lance Haymond (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Brett Forester

Ce qui est encore plus troublant, selon le dirigeant algonquin, c'est l'impression que cette information est restée secrète.

Les LNC ont appris l'existence du problème en février, mais n'ont informé le public de la non-conformité des effluents d'eaux usées qu'à la fin du mois de mars.

Environnement Canada n'a pas non plus informé le public avant d'être contacté pour répondre à des questions posées à la suite d'une dénonciation anonyme.

C'est vraiment contrariant et c'est probablement plus préoccupant, confie le chef de la Première Nation de Kebaowek au Québec.

L'installation passe maintenant les tests de toxicité

Les LNC sont sous contrat pour gérer les sites et les actifs nucléaires appartenant au gouvernement fédéral, y compris le centre de recherche de Chalk River situé à environ 180 kilomètres au nord-ouest d'Ottawa.

L'organisation affirme avoir détecté le problème en février à la suite d'une perturbation dans l'installation de traitement des eaux usées, qui dessert 3000 employés et sous-traitants.

Environnement Canada soutient de son côté que ses agents d'exécution ont été informés du problème le 7 mars dernier.

Les LNC n'ont informé le public que près de trois semaines après le signalement de non-conformité dans un bulletin d'information communautaire daté du 27 mars. Les LNC n'ont pas précisé quelles exigences avaient été enfreintes, mais ont promis qu'ils s'efforceraient de remettre les effluents en conformité.

Mary-Lou Chevrier tient un esturgeon.

Mary-Lou Chevrier, de la Première Nation de Kebaowek, tient un esturgeon qu'elle dit avoir attrapé à mains nues à Petawawa, le 13 avril. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / gracieuseté Mary-Lou Chevrier

Le 23 avril, un agent d'application de la loi d'Environnement Canada a émis une directive officielle en vertu de la Loi sur les pêches pour régler le problème, a déclaré le porte-parole Samuel Lafontaine à CBC.

Ces directives sont un outil de conformité qui peut être émis en cas de rejet non autorisé d'une substance nocive dans des eaux où vivent des poissons ou lorsqu'il y a un danger grave et imminent d'un tel incident et qu'une action immédiate est nécessaire.

LNC a publié un second bulletin, plus détaillé, le 24 avril, qui énumère les mesures correctives qu'elle prend ou qu'on lui demande de prendre.

Ces mesures comprennent une augmentation des tests de toxicité des effluents, une évaluation de la toxicité et un examen de toutes les opérations de l'installation avec l'appui d'un tiers, ainsi qu'un examen détaillé et une analyse chimique de tous les effluents et affluents de l'usine.

LNC dit également avoir entrepris une formation à l'échelle de l'entreprise sur les rejets autorisés, un examen de tous les rejets connus de l'installation afin d'identifier les activités anormales, l'arrêt d'un rejet de routine dans l'un de ses laboratoires, et des améliorations de l'installation pour restaurer le processus de traitement.

L'organisation fournit des rapports d'étape bihebdomadaires à Environnement Canada jusqu'à ce que le problème soit résolu, ce qui, selon le ministère, est obligatoire lorsqu'une défaillance de létalité aiguë se produit.

LNC a déclaré à CBC Indigenous que la station d'épuration passait désormais les tests de toxicité, mais qu'elle devait encore obtenir des résultats positifs pendant un mois avant de pouvoir être déclarée à nouveau conforme.

La Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) tient à jour une liste de rapports d'événements liés au nucléaire sur son site web, mais le cas de Chalk River n'y figurait pas en date du 2 mai.La CCSN a décliné toute demande d'entrevue, n'a pas répondu aux questions écrites et a redirigé les demandes d'entrevue à Environnement Canada, le ministère responsable de la réglementation sur les eaux usées.

Avec les informations de Brett Forester, de CBC News

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