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À quel prix le pipeline Trans Mountain se revendra-t-il?

Des travailleurs sur le chantier du pipeline Trans Mountain.

Le projet d'agrandissement du pipeline Trans Mountain est estimé à plus de 34 milliards de dollars.

Photo : La Presse canadienne / Jason Franson

Le gouvernement fédéral a toujours dit qu’il ne souhaitait pas rester propriétaire du pipeline Trans Mountain. L’exercice de vendre rapidement un projet estimé à plus de 34 milliards de dollars sans perdre d’argent paraît toutefois mission impossible.

Dépêchez-vous et attendez. C’est ainsi que Stephen Mason, le directeur de Project Reconciliation, décrit les cinq dernières années de discussions sur le rachat du pipeline.

À quelques jours de la mise en service du pipeline, prévue le 1er mai, l'attente est encore à l'ordre du jour.

Il n’y a pas de réponse claire en ce qui concerne la date à laquelle le gouvernement [fédéral] va commencer la mise en vente, explique-t-il.

Le groupe souhaite acquérir jusqu’à l’intégralité du pipeline pour que les 120 Premières Nations qui sont touchées de près ou de loin par l'agrandissement de l'oléoduc obtiennent une participation dans le projet.

Un autre consortium, composé de l’entreprise Pembina Pipeline et de l’organisation autochtone Western Indigenous Pipeline Group, est aussi intéressé à reprendre l’oléoduc des mains d’Ottawa.

Stephen Mason ne dévoile pas plus ses cartes. Il refuse de dire quel prix son groupe est prêt à mettre sur la table pour acheter le pipeline.

Ottawa a déboursé 4,5 milliards de dollars en 2018 pour reprendre le projet lancé par l’entreprise Kinder Morgan.

En juillet 2019, lorsque Project Reconciliation a présenté sa première proposition au ministre des Finances de l’époque, Bill Morneau, la construction de Trans Mountain était estimée à 7,4 milliards $. Depuis, la facture est montée à 34,2 milliards $, selon les derniers documents déposés par la société d’État.

Il y a eu des actes de Dieu qui ont contribué aux dépassements de coûts comme des feux, des inondations, la COVID-19…, souligne Stephen Mason. Pour lui, il est normal que le gouvernement fédéral encaisse le poids de ces dépenses-là.

Combien d’argent le pipeline va-t-il rapporter?

La grande inconnue reste toutefois les droits de péage, l’argent que les producteurs pétroliers doivent payer pour pouvoir acheminer leur baril dans l’oléoduc et qui assure des revenus aux entreprises de pipelines. L'agrandissement triple presque la capacité de transport du pétrole entre l'Alberta et la Colombie-Britannique.

Le montant qui sera déterminé pour les droits de péage va déterminer la valeur commerciale du pipeline, note Stephen Mason.

La Régie de l’énergie du Canada a accepté un droit de péage intérimaire plus élevé que celui estimé en 2017, mais le montant final fait l’objet d’objections de la part des clients de Trans Mountain, comme Canadian Natural Resources, Suncor et Cenovus.

Des audiences sur le sujet sont prévues au cours de cette année.

Sans cette donnée, impossible de savoir combien d’argent les activités de Trans Mountain vont rapporter.

Carte descriptive du projet d'expansion de Trans Mountain.

L'agrandissement du pipeline Trans Mountain permet d'augmenter la capacité de transport entre Edmonton, en Alberta, et Burnaby, en Colombie-Britannique.

Photo : Trans Mountain Corporation

Selon le spécialiste du pétrole Rory Johnston, le droit de péage ne peut pas être fixé à un niveau assez élevé pour couvrir la facture de plus de 34 milliards de l’oléoduc.

Si le péage est trop élevé, les producteurs pétroliers n’auront plus aucun intérêt à utiliser le pipeline et retourneront au transport ferroviaire, note-t-il.

Il n’y a aucune chance que quelqu’un va acheter le pipeline pour la totalité de son prix. Il va falloir offrir un rabais, d’au moins 50 %.

Une citation de Rory Johnston, fondateur de Commodity Context

Transaction risquée pour les libéraux

Dans cette discussion sur le rachat, les considérations économiques ne sont pas les seules à entrer en ligne de compte. Stephen Mason ne manque pas de mentionner que des élections fédérales s’en viennent, soit en 2025.

Le premier ministre Justin Trudeau fait un discours, l'air dépité, devant des drapeaux canadiens.

La vente de Trans Mountain risque d'attiser à nouveau les critiques sur la gestion du dossier par le gouvernement de Justin Trudeau.

Photo : La Presse canadienne / Spencer Colby

Garder le pipeline, surtout jusqu’aux prochaines élections fédérales, c’est un risque pour les libéraux parce que les gens qui s’intéressent à la question de la lutte contre les changements climatiques vont critiquer le gouvernement Trudeau, explique Daniel Béland, le directeur de l’Institut d’études canadiennes de l’Université McGill.

Mais si [le gouvernement] le vend avant les prochaines élections et qu’il le vend au rabais, il va se faire critiquer au nom de la responsabilité fiscale.

Ils étaient dans le pétrin en 2018, quand ils l’ont acheté. Ils sont toujours autant dans le pétrin.

Une citation de Daniel Béland, directeur de l’Institut d’études canadiennes de l’Université McGill

Rory Johnston note toutefois que la vente à des groupes autochtones est une forme de réconciliation avec les Premières Nations, ce qui pourrait justifier la perte d’argent.

D'après les informations de Kyle Bakx

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