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Un an après l’incendie au Vieux-Montréal, la famille d’une des victimes exige des réponses

« Elle est toujours là, avec nous », témoigne le père de Charlie Lacroix, qui souhaite voir aboutir les enquêtes criminelles sur l'incendie qui a fauché sa fille.

Charlie Lacroix était une jeune artiste de 18 ans.

Charlie Lacroix avait 18 ans lorsqu'elle a perdu la vie dans l'incendie survenu au Vieux-Montréal.

Photo : gracieuseté de la famille de Charlie Lacroix

La famille de Charlie Lacroix, l'une des sept personnes tuées par l'incendie criminel survenu dans le Vieux-Montréal il y a un an, se réunit aujourd'hui pour rendre hommage à cette jeune femme.

On veut se rappeler nos plus beaux souvenirs. Ce sera émotif, mais je ne souhaite pas que ce soit triste. Charlie n'aurait pas voulu nous voir pleurer, témoigne Louis-Philippe Lacroix, le père de la jeune femme dont le visage a incarné le drame humain de l'incendie criminel le plus meurtrier depuis près de 50 ans à Montréal.

La salle dans laquelle il nous accueille doit servir dans quelques heures de lieu de recueillement pour la famille Lacroix et ses proches. Aucun discours n'est prévu, mais il y aura un goûter et un montage vidéo des plus beaux souvenirs de sa fille.

C'est 18 ans de vie qu'on se remémore. Il n'y a pas un moment en particulier. À l'étape où on en est, c'est l'ensemble de sa vie qu'on se rappelle, ajoute le père endeuillé, qui prend la parole pour la première fois devant la caméra d'un média.

Louis-Philippe Lacroix et Charlie s'enlacent sur un sofa.

Cette photo de Louis-Philippe Lacroix avec sa fille Charlie, alors âgée de deux ans, en 2007, illustre un des moments qui seront célébrés avec la famille, les proches et les amis pour rendre hommage à la jeune femme.

Photo : Gracieuseté de la famille de Charlie Lacroix

Incendie dans le Vieux-Montréal

Consulter le dossier complet

Des pompiers interviennent pour éteindre un incendie.

Il faut dire que la date du 16 mars est lourde de signification, car elle met un terme à une année en montagnes russes, tant sur le plan mental pour lui et son épouse que d'un point de vue émotionnel.

C'était une fille extrêmement intelligente. C'était une artiste dans l'âme. Elle avait 18 ans, ajoute-t-il, la voix nouée.

Elle avait un côté artistique très développé. Elle faisait de la peinture, des toiles, des mandalas. On a accroché toutes ses toiles dans notre condo. Elle est toujours là, avec nous. Même son urne est dans la pièce.

Une citation de Louis-Philippe Lacroix, père de Charlie, tuée dans l'incendie au Vieux-Montréal
La vie de la famille Lacroix a basculé le 16 mars 2023 lors de l'incendie meurtrier survenu au Vieux-Montréal.

La vie de la famille Lacroix a basculé le 16 mars 2023 lors de l'incendie meurtrier survenu au Vieux-Montréal.

Photo : gracieuseté de la famille de Charlie Lacroix

La principale source d'inspiration pour Louis-Philippe Lacroix et sa femme, Marie-Ève, c'est leur fils, Derek, maintenant âgé de 11 ans. Lui aussi a dû apprendre à vivre sans sa grande sœur.

Quand tu as un autre enfant, tu ne peux pas t'effondrer, affirme simplement Louis-Philippe. Ça a été presque aussi dur de lui annoncer [la tragédie] que d'apprendre le décès de Charlie. Les enfants sont résilients. Ils ont une force d'avancer qui est probablement plus grande que la nôtre.

Charlie Lacroix et son petit frère Derek lors d'un moment de complicité.

Charlie Lacroix et son petit frère Derek lors d'un moment de complicité.

Photo : gracieuseté de la famille de Charlie Lacroix

Le matin du 16 mars 2023 les a marqués à tout jamais. Les nombreuses tentatives infructueuses d'appels sur le téléphone cellulaire de Charlie les ont amenés vers un constat qu'aucun parent ne veut vivre.

On est tombés dans un mode de recherche, de panique [...]. On a communiqué avec la police, les pompiers, les ambulanciers, les hôpitaux. [Il y a alors] plein de choses qui te passent par la tête, se rappelle M. Lacroix.

Briser le silence pour réclamer justice

Douze mois se sont écoulés depuis la tragédie.

Le père d'une des sept victimes a déposé un recours collectif de 22 millions de dollars au nom des proches des victimes et des survivants contre le propriétaire de l'immeuble incendié, Emile Benamor. De son côté, ce dernier a également intenté un recours civil de 7,5 millions contre la Ville de Montréal.

Au-delà des recours au civil qui ont été intentés, c'est le volet de l'enquête criminelle du SPVM, qui tarde à aboutir, qui dérange Louis-Philippe Lacroix.

C'est la raison pourquoi je suis ici devant vous. C'est qu'on trouve que les enquêtes [criminelles] sont vraiment très longues, puis que ça n'avance pas très vite, souligne M. Lacroix, qui souhaite un dénouement pour que les responsables de la mort de sa fille répondent de leurs actes devant la justice.

Accepter qu'il ne se passe rien au niveau criminel, au niveau des règles de location, au niveau du respect des normes incendie, c'est accepter que cet incendie était normal. Et ça, je ne le prends pas.

Une citation de Louis-Philippe Lacroix, père de Charlie, tuée dans l'incendie survenu au Vieux-Montréal
Un immeuble incendié.

L'enquête criminelle du SPVM est toujours en cours après un an. Aucune accusation ni arrestation n'ont eu lieu.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

La dernière année a plutôt été le théâtre d'une bataille médiatique entre deux quotidiens sur les dessous de l'enquête policière du SPVM, des dénouements que Louis-Philippe Lacroix décrit comme étant dignes d'un téléroman, où il a été question d'un cafouillage majeur dans l'enquête pour homicides, ensuite totalement contredit par un média concurrent.

La longueur du processus fait en sorte qu'on finit tous par se poser certaines questions sur ce qui est vrai et ce qui n'est pas vrai. [...] Bavure policière, pas de bavure policière, on ne sait plus quoi croire. Y a tellement de changements de situations que ça devient difficile de savoir où donner de la tête, déplore le père endeuillé.

Le nom du suspect principal, Denis Bégin, a même été rendu public par les médias. Qualifié à deux reprises de psychopathe par la Commission des libérations conditionnelles du Canada, il a pu obtenir son transfert en 2016 dans un établissement à sécurité minimale.

En février 2019, il a pu s'évader. Sa cavale aura duré quatre ans jusqu'à l'enquête criminelle du SPVM dans le dossier de l'incendie.

Jamais je n'aurais soupçonné que quelqu'un, un tueur, aurait mis volontairement le feu là. Au départ, je pensais que c'était peut-être une défaillance quelconque. Finalement, on apprend que c'est un évadé de prison qui a mis le feu, souligne M. Lacroix, en faisant référence à des informations ayant circulé dans les médias et qui n'ont pas été confirmées publiquement par la police.

M. Lacroix ne comprend toujours pas comment un criminel classé psychopathe a pu obtenir de la Commission des libérations conditionnelles du Canada son transfert dans un établissement carcéral à sécurité minimale.

Rappelons qu'aucune accusation ne pèse sur Denis Bégin ou quiconque dans cette affaire et que les enquêtes criminelles suivent leur cours.

J'ai toujours confiance au SPVM et au département d'enquêtes. Je crois vraiment qu'ils vont trouver un moyen d'élucider tout ça, tient-il à préciser, lui qui a eu plusieurs contacts avec eux dans la dernière année.

Le SPVM demande d'être patient

Le SPVM voudrait témoigner toutes ses sympathies. Nos cœurs sont avec toutes les familles à l'approche de cette date-là, de cette tragédie, parce qu'elles vont revivre de très durs souvenirs. Alors on veut dire qu'on est de tout cœur avec eux. Pour ce qui est de l'enquête, elle est toujours active. On est en plein dedans. On n'a pas lâché depuis le jour 1, avec la même fougue, avec la même énergie, a déclaré l'inspecteur David Shane, directeur des communications pour le SPVM.

Les sept victimes de l'incendie criminel survenu au Vieux-Montréal.

Les sept victimes qui ont péri dans l'incendie criminel survenu au Vieux-Montréal.

Photo : Radio-Canada

Lors de cette entrevue, ce haut gradé, qui est aussi le porte-parole du directeur du SPVM, Fady Dagher, a également tenu à rassurer les familles des victimes sur les rumeurs de cafouillage et de discorde parmi les enquêteurs dans le dossier de l'incendie criminel au Vieux-Montréal.

La réponse est très claire : c'est non. Il n'y a pas eu de problématiques. En fait, tout a été fait selon les règles de l'art. En toute humilité, nos enquêteurs et notre personnel civil attitrés à cette enquête-là sont parmi les meilleurs au Canada, a souligné M. Shane.

Le SPVM demande aux familles d'être patientes et de faire confiance aux enquêteurs.

Malheureusement, ça va prendre encore du temps. On ne peut pas donner d'échéancier. Il faut laisser le temps aux enquêteurs, avec les partenaires, éventuellement avec les procureurs, de mener le dossier à bien dans toutes les règles de droit, a précisé l'inspecteur.

On n'aura pas deux chances pour soumettre un dossier. Si on en vient à la conclusion qu'on a assez [de preuves] pour le soumettre au DPCP, on n'aura pas deux chances.

Une citation de David Shane, inspecteur et directeur des communications au SPVM
L'inspecteur David Shane, directeur des communications du SPVM, rassure les familles à propos de la rigueur observée par les policiers dans l'enquête criminelle qui bat son plein pour tenter de mener à des accusations criminelles. Il discute ici de ce dossier en compagnie d'une porte-parole, l'agente Jeanne Drouin.

L'inspecteur David Shane, directeur des communications du SPVM, rassure les familles à propos de la rigueur observée par les policiers dans l'enquête criminelle qui bat son plein pour tenter de mener à des accusations criminelles. Il discute ici de ce dossier en compagnie d'une porte-parole, l'agente Jeanne Drouin.

Photo : Radio-Canada / Photo: Cécile Archer

Quant au propriétaire de l'immeuble incendié, Emile Benamor, il a exprimé par le truchement de son avocat qu'il ne souhaitait pas commenter le dossier compte tenu des procédures judiciaires en cours. Il a cependant tenu à offrir ses condoléances aux familles des personnes décédées.

Les pires incendies meurtriers de Montréal :

  • Grand incendie du 8 juillet 1852
  • Incendie de l'asile Saint-Jean-de-Dieu le 6 mai 1890
  • Incendie du cinéma Laurier Palace le 9 janvier 1927
  • Incendie du Bluebird le 1er septembre 1972
  • Incendie du bar Gargantua le 21  janvier 1975
  • Explosion à l'Accueil Bonneau le 9 juin 1998

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