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Un Gatinois atteint d’un cancer publie des contes pour ses futurs petits-enfants

Montage d'un portrait de Jean Quirion, souriant, appuyé sur un comptoir de cuisine aux côtés de la couverture de son livre «Le plus gros cornet du monde».

Un an après le diagnostic de sa tumeur au cerveau, Jean Quirion publie le premier de six livres écrits pour se «présenter» à ses petits-enfants qu’il ne verra pas grandir.

Photo : Radio-Canada / Valérie Lessard / Gracieuseté de Jean Quirion

Atteint d’une tumeur au cerveau, le Gatinois Jean Quirion a décidé de transmettre sa passion pour la vie, la famille et le plein air à travers six histoires écrites pour ses petits-enfants qu’il ne connaîtra pas. Illustré par Thom, son premier titre, Le plus gros cornet du monde, sort de l’imprimerie à temps pour le Rendez-vous de la BD de Gatineau en fin de semaine.

Le diagnostic tombe en octobre 2022 : les médecins donnent à Jean Quirion entre trois mois et deux ans de sursis. Le professeur de l’École de traduction et d’interprétation de l’Université d’Ottawa de 58 ans prend alors conscience qu’un de ses plus grands deuils sera de ne pas connaître les enfants de ses fils et fille Vincent, Flavie et François, âgés respectivement de 29, 28 et 27 ans.

Ce que j’imaginais le plus, c’était de me coller contre eux et leur raconter des histoires. Et puis je repensais aux histoires que j’inventais à mes propres enfants quand ils étaient plus jeunes. Je suis parti de là [...]. C’était une façon pour moi aussi de me présenter à mes petits-enfants.

Une citation de Jean Quirion, auteur

Le quinquagénaire choisit donc de tromper l’attente de ses nombreux traitements au centre de cancérologie muni de carnets, de crayons et de la vingtaine de concepts qui lui sont chers, dont la famille, l’amour, la fête, la nature. C’est là que je m’évadais, confie le mordu de vélo et de plein air.

Une femme et un homme dans une cuisine.

Lyne Marcil et Jean Quirion deviennent Grand-Mimi et Grand-Papou dans les contes.

Photo : Radio-Canada / Valérie Lessard

Ça lui permettait d’avoir un projet, souligne Lyne Marcil, la complice de Jean Quirion depuis 40 ans. Tu n’avais pas le temps de t’apitoyer sur ton sort, continue-t-elle en lui souriant.

Ça donne un sens, quand tout semble s’effondrer autour de soi, confirme son conjoint.

Une photo de famille dans les mains d'une personne.

Pour créer ses personnages, Jean Quirion s’est inspiré de sa conjointe Lyne et de leurs trois enfants, Vincent, François et Flavie.

Photo : Radio-Canada / Felix Desroches

Les Petits-Zamours de Grand-Papou et Grand-Mimi

Pour créer ses Petits-Zamours, Jean Quirion s’inspire de ses deux fils et de sa fille, étant donné qu’il ne peut prédire le nombre et le genre de ses petits-enfants à venir. Ainsi sont nés Fistou, Flavinette et Frankiki, sans oublier Grand-Mimi.

L’idée de léguer ces textes prend une autre dimension quand le couple envisage de les faire illustrer et de publier à compte d’auteur, avec le soutien de la Fondation Santé Gatineau (qui recevra les profits de la vente des albums jeunesse).

La page d'un livre sur laquelle on peut lire : Arrivés sur le bord de la rivière,
Frankiki et Grand-Mimi voient des canetons et leurs parents.

Un extrait du livre de Jean Quirion, Le plus gros cornet du monde

Photo : Illustration : Thom

Le bachelier en BD de l’UQO, Thomas Blais-Leblanc, alias Thom, donne corps et vie aux aventures des Petits-Zamours, de Grand-Papou et de Grand-Mimi.

Dans La clairière gourmande, il est question d’une sortie au lac Philippe, de papillons, de perdrix, mais aussi des desserts préférés de la famille, dont les Paris-Brest de Grand-Papou.

Le plus gros cornet du monde se veut de son côté la célébration du jour où Lyne et lui sont tombés amoureux… et l’occasion pour le tandem de grands-parents d’entraîner Fistou, Flavinette et Frankiki en expédition.

J’ai toujours rêvé que j’aurais un vélo avec un panier pour transporter mes petits-enfants. Le vélo-cargo, c’est un des rares éléments visuels auxquels je tenais.

Une citation de Jean Quirion, auteur
La page d'un livre sur laquelle on peut lire : Bientôt, ils seront assez grands pour avoir
leur propre vélo. À son tour, Grand-Mimi enfourche sa bicyclette et c’est un départ!

Un extrait du premier livre de Jean Quirion qui aborde sa passion pour le vélo et la nature.

Photo : Illustration : Thom

Une certaine Rosalyne occupe par ailleurs une place spéciale dans chaque livre : le toutou de Jean Quirion - celui que Lyne lui a offert en mai 1984, au début de leur histoire d’amour - se cache dans les illustrations de Thom et n’attend qu’à être découverte d’une page à l’autre par les jeunes lecteurs et lectrices.

Une page de livre et un couple debout en arrière-plan.

Thomas Blais-Leblanc, alias Thom, illustre les albums jeunesse de Jean Quirion.

Photo : Radio-Canada / Felix Desroches

Des histoires aussi en version audio

Trois doctorants de Jean Quirion ont également contribué au projet en créant des versions audio des deux premières histoires. Les montages soigneusement ficelés incluent narration, musiques et… une sonnette de vélo avertissant petits et grands qu’il est temps de tourner la page du livre en guise de fée Clochette.

Si ses enfants se sentaient plus ou moins à l’aise à l’idée d’entendre la voix de leur père, Lyne, elle, avoue ne pas être rendue à envisager de les lire un jour à ses petits-enfants.

C’est peut-être pour ça qu’on les a fait enregistrer, fait-elle valoir.

Les textes des cinq contes et de l’imagier sont écrits. Trois des six livres sont entièrement dessinés, un quatrième est esquissé.

Tu as un cancer du cerveau et tu as réussi à faire ça! C’est beau!, lance Lyne Marcil, d’un ton où percent autant de fierté que d’amour.

C’est ce qui m’aura permis, finalement, je pense, de rester debout.

Une citation de Jean Quirion, auteur

Ce dernier ne pensait pas voir l’aboutissement de son travail. Lyne l’accompagnait de près, au début de ses traitements, pour prendre le relais et mener à terme le projet, au cas où il disparaîtrait avant la fin.

C’est formidable, je trouve, de voir le produit final. Je n’aurais jamais espéré, un an plus tard, pouvoir admirer ça, conclut Jean Quirion.

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